samedi 21 avril 2007

(S)EX on the internet...

Plus d'un mois sans écrire. Non par absence d'envie, mais la période fiscale s'avère un puissant compresseur de temps libre. Temps libre qu'il faut passer à dormir pour tenir le coup. En gardant quelques filaments de vie sociale, sans vacances, sans insouciance, sans projections. Autant dire que je n'étais pas habitué...

Cette semaine a été le point d'orgue. Miné en fond par des discussions d'une part, des perceptions d'autre part, et puis la grande décision de quelqu'un que j'estime. Wam ferme son blog. J'ai beau me dire (et lui avoir écrit) que l'essentiel n'est pas sur internet, je dois reconnaître que ce qui se passe sur la toile -et que j'ai beau vouloir cantonner à du virtuel- à des impacts sur ma vie réelle.

Autre anecdote à souligner: la semaine dernière, nous discutions drague avec M. de Toulouse, qui trouvait que sur Lyon y'avait plus à se mettre sous la dent qu'au pays de Nougaro. Ravi de vouloir lui démontrer le contraire, je zappe la centaine de profils sur un site de rencontres pour garçons... Et je tombe au passage sur deux exs: G. et P. (oui, les fameux G. et P. que certains lecteurs assidus ont déjà rencontrés en lisant Elemental (*))
Plus que de les voir en photo, le choc fut le souvenir de les avoir tenus dans mes bras, d'avoir fait l'amour avec eux, de percevoir encore leurs voix fantomatiques, presque les toucher en chair et os en tendant le bras, cela leur donnait une actualité, une présence, dont je n'ai su finalement que faire. Et c'est peut être ça qui a été le plus démobilisant.

Dans la semaine, j'ai rediscuté avec Gw.(*), toujours par le biais d'internet vu qu'il n'a plus de portable. Il nage en plein bonheur avec son nouveau copain qui crèche sur Paris... Gw. que je soupçonne d'être un habitué désormais des retrouvailles sur les quais de Montparnasse, comme nous, il y a quelques années. Où il y aurait eu "feu vert" si je n'avais pas rencontré Wam à l'époque.
En parallèle, toujours grâce à internet, il y a eu une belle rencontre de faite. Un charmant jeune homme, stable, cultivé, à la douceur palpable, qui n'a pas omis de m'informer de son statut sérologique. Mais là aussi, il n'y a pas eu "feu vert".
(*) Si la consultation des profils vous intéresse, merci de me le faire savoir. Liens renvoyés par mail...

Des portes se ferment. De grandes portes en bois clouté des haciendas du sud. Sur fond de murs blancs et vierges, peints à la chaux. Des fenêtres on sent le printemps. Le chant des oiseaux, l'odeur de la floraison. Des odeurs et des goûts que je découvre avec un étonnement adolescent: les glycines, les rais chauds qui frappent sur un lit, les beignets de poisson, les calamars frits, les salades colorées sans trop de sauces, les soirées qui s'allongent. Sans que j'en fasse quelque chose.

On se raccroche à ce qu'il y a de plus simple, peut-être de permanent, un noyau dur, extérieur à soi, un bout du monde auquel se cramponner, en attendant que... J'ai l'impression que tout ce qui m'arrive vient sceller une vie déjà achevée, un bouillon dans lequel je marine, où ce qui meurt nourrit lentement, par dégradation, par infiltrations, ce qui est en gestation.
Quelque chose qui n'a encore ni forme, ni contour, ni direction précise. Une absence de temps. De tout. Sinon, tapant au ventre, une énergie. Primaire. Qui dit : "Je serai".


Film du moment : The Mostly Unfabulous social life of Ethan Green

mardi 13 mars 2007

Bourgeons

Effervescence printanière.

Effervescence intérieure dans la douceur printanière, le simple plaisir de cligner des yeux en regardant un ciel plus clair. S'assurer qu'à chaque pas, on va vers le meilleur. Et on va vers le meilleur (
enfin vous je sais pas, mais moi oui!)

Effervescence de la période fiscale, chaque jour s'appliquer à sa tâche, méticuleux et patient, et vérifier la loi de Marguerite Gentzbittel : "
plus on fait de choses, mieux on les fait". Oui, ça fait des journées de 9 heures de boulot, dont on sort crevé et satisfait, sans honte, à deux doigts d'aller défiler en costard sur un char, façon fiscal pride. Décidément, ça me plaît. Même s'il faudra tôt ou tard changer de crèmerie.
Trouver le temps néanmoins d'écrire, ici et sur du vrai papier, de s'octroyer des zones de pur repos, tasser les affaires courantes pour dégager du temps libre. Ce week-end, la marmotte
s'invite sur la place de Lyon avec un ami commun pas vu de longue date, ça va farter !!!

***

Effervescence lyrique.

Je suis en attente de quelques nouveaux exemplaires des Chants de l'éolienne. La commande a été faite à la Librairie des Nouveautés cette fois-ci; les exemplaires commandés chez Décitre ont été soit vendus, soit massacrés pendant le transport. Désolation sur un siècle où un libraire me disait, pas plus tard que cet hiver : "
Mais Monsieur, on est au vingt-et-unième siècle, plus personne ne s'intéresse à la poésie".
Connard... défends ton beefteck ou change de métier ! (
et je sais de quoi je parle...)

Garder un ou deux exemplaires ici, offrir les autres.
L'un d'eux a été cacheté samedi dernier. Ne t'inquiète pas, je te l'ai promis depuis longtemps, il te parviendra bientôt, tu l'as compris.
Penser à une ou deux semaines de vacances, à la fermeture du cabinet en août, descendre en Camargue, et rencontrer Marie Huot. Oui, avant même Nancy Huston.

***

Effervescence des cellules.

Celles du cerveau, celles de la peau, celles du ventre, doivent être les mêmes. Pareil à il y a trois ans, peu de temps avant le premier grand krach, pareil à cette sortie d'hiver là, à me nourrir de viande crue, de légumes en salade et de fruits frais. A nourrir mes yeux de petits rêves capricieux, tous à portée de main, et parsemer certaines conversations de la voix de mon père.

J'applique avec méthode de nouvelles couches de silence pour masquer le sien, un peu passé, un peu jauni, craquelé par ce désir de vivre qui l'emporte sur tout, décidément, sur tout. Saupoudrer mes échanges avec d'autres voix plus proches. Certaines en deviennent des pierres précieuses. Des personnes fragiles à qui il faut rappeler de plus en plus souvent que, oui, on pense à elles et on ne les oublie pas.

***

Effervesence du coeur.

Résumé des épisodes précédents...
2004 : "comment bats-tu ?"
2005 : "pourquoi bats-tu ?"
2006 : "pour qui bats-tu ?"
... et 2007 : "vas-y, fais-toi plaisir !"

Ce week-end il y a eu le bruit imperceptible des souffles longs, synchrones, dans le silence sombre d'une chambre à coucher.
Les gestes dans le sommeil, inconsciemment, se rapprocher.
L'odeur apaisante de l'autre, comme un diffuseur d'huiles essentielles relaxantes.
La paupière qui s'ouvre parfois sur un oeil qui observe dans un sourire.
Les doigts enlacés de deux mains qui tissent une sérénité dans le secret.
Regarder le petit matin sur les montagnes enneigées, allongé, et sentir une lèvre qui palpite sur la nuque.
L'homme est comme une clepsydre, finalement: il suffit de le coucher pour que le temps s'arrête.

C'est bon, les parenthèses d'éternité. C'est bon !



dimanche 25 février 2007

Oh my Goodness !....

Que faire un week-end à plus de 38° et tous les signes de la grippe?
Mater des DVD imports. Au hit du palmarès, alors qu'il a été descendu en flammes par pas mal de critiques trop bien pensantes, Another Gay Movie.
C'est tellement lourd que ça en devient rafraichissant. C'est joyeux, ça ne prend pas la tête avec d'éventuelles considérations du type : "l'homosexualité, ce douloureux problème"...
Un sportif, un nerd, un moins-simplet-qu'il-en-a-l'air et un homo plus... flamboyant, quatre jeunes gays jeunes diplomés décident de perdre leur virginité avant la fin de l'été.
Et contrairement à toute attente, c'est loin d'être un pale remake à la sauce gay d'American Pie.



Oh my Goodness !...

vendredi 16 février 2007

cartes de fidélité

De celles où on donne un coup de tampon à chaque fois que.
C'est bon de les déchirer, de ne plus sentir de dépendance, d'attente, en se disant "encore trois ou quatre, et ça y est..."
Donc plus de cartes de fidélité : le truc a été conscientisé aujourd'hui.

Il va falloir se battre à nouveau : pour défendre la place de parking que, oui, on a vu en premier. Que non, même si la p'tite dame elle a qu'une baguette, c'est pas une raison pour passer devant à la caisse du supermarché (elle a toute la journée à attendre, et puis elle a qu'à aller à la boulangerie, vieille peau!) Et, fin du fin, testé aujourd'hui même, rappeler à certains cadres qu'avec moi le jeu du presse-citron ça a tendance à engendrer des brûlures d'estomac à trés court terme.

De mutilation en génuflexion, excommunié, j'ai les pieds et les poings liés.
De mutilation en extrême-onction, agnus dei, moi l'impie je suis saigné aux quatre veines.

Autre carte de fidélité qu'il va falloir faire sauter : s'imposer la vue de Fourvière sur tous les actes de la vie quotidienne. Plus de quinze ans que ça dure, l'Eglise lyonnaise épiant les moindres mouvements de chacun, jetant un voile d'approbation ou d'opprobre, toujours brouillasseux. Commencer à jeter des ponts pour ailleurs. C'est maintenant qu'il faut que ça gamberge, ça agira quand ça agira. Comme pour toutes les grandes décisions qu'il a fallu prendre, si en surface rien n'a transpiré, au sous-sol les manoeuvres ont déjà commencé. Et comme pour toutes les grandes décisions qu'il a fallu prendre, le pack bien ficelé sortira du néant un beau jour, que je suis encore incapable d'entourer d'un rond rouge sur un calendrier.

De mutilation en soustraction, agnus dei, te voir en chair, j'en perds la tête.
De mutilation en contorsions, te voir ici, quelle hérésie, les bras m'en tombent.

Autre carte de fidélité, froissée, remplie et sur-remplie, retrouvée au hasard et vite balancée dans la Saône. Nous en avons ri comme des dératés avec Ed. en sortant du déjeuner. Alors qu'il me raccompagnait sur le chemin du cabinet, nous avons croisé... Jaws. Jaws, c'était le beau gosse de la promo. Beau gosse à la lyonnaise, hein ? Blond aux yeux bleus, coupe au bol, duffle-coat et compagnie. Jaws était beau et con à la fois, véritable aspirateur à gonzesses dans l'amphi. Certes, il faisait aussi trembler certains garçons sensibles (qui, eux, pour se faire remarquer, n'avaient pas d'autre choix que d'être en tête de promo, chut!)
Une certaine distance de sécurité nous a toujours séparés : je le prenais pour la plus belle expression des désastres d'une endogamie répétée, et lui voyait en moi un pauvre pédé carriériste et hystrionique. Bref, nous avions raison tous les deux...

Dix ans plus tard, Jaws a les traits tirés, le blond des blés à laissé place au jaune pisseux tirant sur le gris vers les tempes. Et je me désolai de n'avoir qu'Ed. pour me confier, de ne pouvoir saisir le portable pour annoncer, glorieux, à trois ou quatre personnes : "Jaws il a plus d'cheveu... euux, Jaws il a plus d'cheveu... euux!"

agnus dei, sic transit gloria mundi.

En rentrant du travail, je jetai un coup d'oeil aux tubes d'aceticum thallium et à la batterie de soins de chez Furterer, qui m'ont redonné en trois mois la crinière de ma jeunesse ; le dégât des eaux des wc qui reprend un goût de provisoire.
J'ai retrouvé un trés vieux morceau sur radioblog, que d'aucun aura reconnu ; puis un coup d'oeil dans le rétroviseur pour voir à nouveau des pans entiers s'effondrer dans mon dos. Qu'il est bon d'avancer...

je m'éloigne de tout,
je suis loin de vous...

mardi 13 février 2007

S'endormir sous une arche


J'aimais ces moments de fortes amplitudes, qui entraient en résonance toujours à ce moment-là de l'année. Il y avait les doigts gelés qu'on glissait sous nos couches de pulls où le ventre bouillonnait. Les larges goulées d'air glacé. Une offensive du général hiver sous ce soleil glacé, insistant désormais, nous faisant vainqueurs par les jours qui rallongent.

Je supporte de moins en moins ces fortes amplitudes.
Ce week-end, laisser Neil aller à son grand repos ; embrayer sur un anniversaire de lesbiennes ambiance radicale ("oui, je n'oublie pas d'éteindre l'interruptrice, promis... c'était qui au fait le message sur la répondeuse?") ; s'effondrer dans la fête ; tisser en 24 heures un cocon de douceur, avant d'autres grandes interrogations nocturnes, des fils d'idées dans les mains.
Ces deux jours à voir s'alterner félicitations et remontrances, toutes autant injustifiées les unes que les autres.


Aujourd'hui était en cela même spécial. Un vieux souvenir souffle ses 38 bougies. J'y ai repensé en allant fumer ma cigarette, vers 16 heures, sur le balcon nord du cabinet. Oui, les jours s'étirent élastiques, s'amincissent, s'éthèrent, s'étiolent.
Il y a vingt ans, pour ce grand anniversaire, nous réchauffions nos doigts gelés sous les pulls. L'après-midi, j'avais passé un moment sur la balançoire, à m'en donner le tournis, à réchauffer ma tête au soleil aveuglant et vainqueur, à laisser partir en buée les paroles de Recueillement dont je m'enorgueillais de jouer la partition au piano les yeux fermés, déjà.

Cet après-midi, vers 16 heures, j'étais sur une balançoire suspendue par quelques souvenirs. Ce peu de souvenirs, tissés entre eux en cordes solides, ombilicales, qui finiront par céder avec le temps, à moins que je ne donne un bon coup de ciseau définitif, à moins que la calandre rouillée ne cède. J'ai de moins en moins de raisons de rester à Lyon. Les cordes trouveront une place dans quelque coffre, à côté d'un vieux 33 T de Marc Seberg, je suppose.

En rentrant, sur le bureau, je retrouvai des tableaux de bord, des déclarations fiscales, et des messages. J'embrassai tout cela du regard, la tête dodelinant encore. Je n'ai pas encore pris ma décision. Décidément, j'aime les grandes amplitudes. Mais je ne les supporte guère.

Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées...



vendredi 2 février 2007

hommage avant de prendre la route

Neil est partie ce matin à 5 heures dans son sommeil.
Le coeur n'a pas tenu, paraît-il. Le coeur a été soumis à rude épreuve, dois-je préciser. Aligner 3 paquets de Dunhill par jour, se détendre au whisky, dormir à coups de calmants et se fouetter à coups d'expressos, c'est clair que le coeur en prend un coup. Je passe sous silence la perte de trois enfants sur cinq, ainsi qu'un divorce aussi long qu'exaspérant.
J'aime beaucoup Neil. Quand nous nous voyions, on ne se parlait pas beaucoup. Les personnalités s'affrontaient, se pulvérisaient, s'adoraient. Et je n'ai pas souvenir d'un seul cours de maths de lycée pendant lequel je ne lui aurait pas écrit une petite missive. Elle adorait ça. Ma cousine va me manquer.

lundi 29 janvier 2007

i'm in love !...

Bon, on commence par où ? par quoi ?

-Paris : géniallissime et épuisant, as usual, note pour plus tard : choper les photos (pour le perso) et décrire (ici) l'inégalable frayeur du chico accueilli par surprise par une quarantaine d'excités. Note pour plus tard (bis) : la randonnée sauvage et bucolique du samedi aprés midi avec M. Soror dans les grands magasins Bd Haussmann. Note pour plus tard (ter) : ne pas penser à mon compte en banque, ne pas penser...

- Lyon : penser souvent à des amis proches (Cé., Da.,...) court-circuiter définitivement le Li. qui s'était mis God knows what dans la tête à son sujet. Découvrir l'un de mes derniers cadeaux de Noel, et là, tout à coup, ce fut le drame...


Oui, je vous le concède. Bill Campbell est beau, il est bandant, il a un charme dingue, et on voit même ses fesses (and so much more !) dans les Tales of the City dont j'ai reçu l'intégrale pour Xmas... Si j'avais un tant soit peu d'éducation, ça serait auto-flagellation nocturne à coups de fouet et douches froides tétra journalières. Mais bon, comme j'ai dépassé le stade de la culpabilisation, j'en reste à baver devant l'écran du powerbook (sans bouffer un quelconque carambar de substitution...)

- Toujours à propos de cadeaux : penser à me payer dés que je suis solvable (donc en 2023) la Cologne Blanche de chez Dior, aller chercher le dernier cadeau de O. à la librairie (enfin !) et, hélas, Eva, à part un ficus que j'arrose aux stéroïdes, aucune plante verte n'a survécue ici... :-(

Tiens, ça me rappelle que j'ai des oignons de narcisses à replanter, cadeau de passage de Tétard et Chacal à leur venue à Lyon. Pas trés loin, il y avait eu cette soirée avec Chico et Chr., et sur fond de Angela Mc Cluskey (écoutée en boucle ce week-end, merci M !), je me souviens que ce fut un le seul moment où mes amis ont rencontré Gw.... c'était il y a un an. Mêmes personnes, mêmes lieux, mais les contextes sont si différents aujourd'hui...
Gw.... j'ai beaucoup refantasmé sur son corps repensé à lui ce week-end justement... Heureusement que Bill Campbell m'aide à couper le rythme.
C'est comme pour la clope. Suffit d'y croire.

mercredi 24 janvier 2007

One day at a time...

... c'est comme ça qu'on dit ?
Quinze jours sans bloguer. La dernière fois que ça m'était arrivé, j'avais laché prise pour la douce farniente de Sausset, et les conséquences qui s'en suivirent (merci à toutes celles et à tous ceux qui étaient là pour mes 35 ans, ça m'a reconnecté un temps soit peu avec le réel)

1. You're under arrest...

Je passe sous silence les quelques derniers jours d'une mission rébarbative (dont je me refuse de parler tellement c'est exhorbitant de conneries ; et puis pour ce qui est des collègues nazes, Canthilde en parle trés bien ici)
Puis embrayage cash sur une autre mission et les cauchemars dont je suis encore l'objet... Et là, quand même, deux mots d'explications. A bosser dans une boîte ouverte aux quatre vents qui accepte encore les gros réglements en liquide, on finit par tenter le diable. C'est ainsi que tout le personnel (dont moi) avons été braqués dans l'après-midi de mon arrivée. Gamins cagoulés et armés, hold up à l'américaine, et vague sensation que la vie va s'arrêter à 35 ans, une bastoss dans la tête.
Plus de peur que de mal. Rien à déplorer hormis le butin et la standardiste qui doit être encore dans les choux à l'heure où j'écris.

2... 'cause you're the best

Aussitôt la mission terminée, j'ai à peine le temps de me remettre de tout ça que j'embraye sur autre chose qui s'avère être un CDI. Jamais je n'aurai pensé que mon CV intéresserait le boss. Le soir de l'entretien, j'avais été amorphe alors que tout le monde dans la boîte semblait tourner sous stéroïdes, mon parcours professionnel est en lignes brisées et côté compétences je suis encore un néophyte. J'ai pourtant débuté lundi dernier avec un boulot de titan, du genre à boucler les 35 heures dès le mercredi soir.

3. you better work...

2007 débute au-delà de mes espérances et m'inscrit dans une continuité à laquelle je ne m'étais pas habitué. Il y a du pain sur la planche plus qu'il n'en faut, mes journées passent à une vitesse dont je suis le premier étonné, et l'ambiance est du tonnerre dans le site principal où je bosse (l'autre site est plus... lénifiant, on va dire, mais j'y suis peu)
Finalement, je corrige la phrase écrite plus haut : ma vie commence à 35 ans.

4... supermodel of the world

Evidemment, dans ce type de job, exit les jeans (même de marque !) et comme c'est la période des soldes, j'en ai profité pour relooker la garde robe. En plus sobre, certes, mais en aucun cas austère. Bien s'habiller et prendre soin de soi, ça créée des liens. Du compliment d'une collègue sur les hommes qui savent se vêtir ("Oui, certains lisent l'équipe dans le TGV, moi je lis Vogue") à la question compassée d'un autre collègue lui aussi fraîchement débarqué et qui, apprenant que j'allais nager les jeudis soirs, était intéressé pour m'accompagner ("Ah bon ?")

5. Deep honey

Des souvenirs du soir de réveillon aux perches tendues que je reçois au boulot, je ne sais vraiment comment me situer. La période glaciaire qui s'est étalée de novembre au week-end dernier me pousse à taire tout ce qui peut commencer à bourgeonner dans la cage thoracique.
Avoir gelé une liaison à distance impossible à supporter (et même si elle m'apportait l'essentiel, sa confrontation à la réalité ne lui a laissée aucune chance) mais pire que tout le petit feu de paille qui a viré à l'incendie de forêt courant décembre avant de tout laisser en cendres, tout ça a cadenassé la boîte à bijoux.
Mais bon, il y a eu le week-end du 13 janvier...
Et j'aurai du mal à oublier son soutien ce dernier vendredi soir de 2006 où j'ai implosé...

Et l'année s'ouvre sur un affect en tabula rasa. Avec encore des cendres. Il paraît que ça nourrit bien le sol, les cendres. Je ferai en sorte que.

Que de choses à raconter aux parisiens ce week-end !

mardi 9 janvier 2007

Courbes

Week-end de oufs et sommeil en retard, au verso d'un échantillon de vie sociale bien remplie. J'en avais gardé quelques souvenirs, à défaut d'une pratique intensive ces quatre derniers mois. La chaleur dans un lit à deux, à la double saveur de découverte et de souvenirs, les heures de petit sommeil, au matin changer les draps, faire du café trés fort, et filer à la gare, direction la mer.

En épousant les courbes le long de la ligne à grande vitesse, le train me met entre parenthèses d'une période désagréable. L'ambiance se dégrade au boulot, les tâches qu'on me confie me désespèrent par leur ennui, j'aimerais me projetter dans le temps à la même vitesse que ce train. Côté jardin, j'attends aussi que le temps oeuvre sur les séquelles, voulues ou subies, de 2006.



Sur place, l'improvisation est le maître mot pour le plus grand plaisir de tous. Cousins, cousines, grand-mère, bouteilles et tartes à la frangipane se suivent à un rythme effréné. Point d'orgue : sortie samedi soir avec ma cousine de Boston, guest-star in France pour deux semaines, dans un endroit nommé "La Fiesta" (tout un programme en soi) sur fond de dance, de margharitas et de mojitos.

En rentrant ici dimanche soir, l'impression que Lyon avait un secret que l'on ne m'avait pas confié. J'apprends le lendemain que ma mission se termine prématurément ; qu'aujourd'hui j'en démarre une autre demain. L'improvisation semble le maître mot ici aussi, on dirait. Pour mon plus grand plaisir. D'autres bonnes nouvelles sont venues me saupoudrer aussi, ça et là. Quelques flocons qui se posent sur un coeur un peu moins lourd quand il expire.

jeudi 4 janvier 2007

La frontière

Dénudé, qui es-tu ?


Ces derniers mois, cette question lancinante vient cogner le crâne comme un violent mal de tête après l'effort. Qu'y a t-il derrière l'écorce ?
Sans réponse, on laisse ramollir l'écorce, parfois jusqu'au danger. Alors on se dit : qui y a t-il derrière l'écorce ?

Il y a eu ces jours, où les certitudes tombaient des arbres à la façon des feuilles dont l'éclat doré se ternit. Ces jours où il me semblait entendre un rire lointain, une voix que j'ai laissée, une voie que j'ai laissée.
D'autres images, claires comme la réverbération du soleil sur les névés.
Des valeurs que l'on cherche, le mal au dos, acroupi au bord du ruisseau, tamisant les eaux de pluie, quémandant au destin quelques pépites.

Meursault, mojitos et tapas : je m'entends bien avec H., j'aime nos discussions, son accent berlinois qui traîne et la pétillance de ses yeux. En le raccompagnant, je ne cache pas que j'aurais aimé être embrassé. Il y a toutefois cette dualité : se dire que l'échange de chaleur humaine est ce qu'on a fait de mieux. Se dire que nos différences, au-delà du culturel, me font le quitter alors même que nous nous sommes rencontrés.

Il y a cette nécessité de solitude, crayon à la main, pour tracer ses propres contours. Il y a ces circonstances, qui ricanent comme des Erynnies, à me voir me débattre pour ne plus rester seul, au milieu de la plaine. Il y a cette absence de sentiment entier que j'ai dû égaré dans de trop nombreux lits. Il y a, encore, cette frontière.

mardi 2 janvier 2007

En attendant l'Ithaque

Annecy, veille de réveillon. Fuir 2006 comme on doit fuir un pays en guerre, c'est du moins l'impression qui s'en dégage. Une patisserie locale, du thé blanc à la rose, le temps d'être enveloppé par l'humidité. On sent le lac proche. Les rues pavées, le château.


Annecy, veille du nouvel an. Il fait clair et doux. On prendra le temps pour rentrer ici. Je n'ai pas eu le courage de tout jeter dans le lac. Il reste dans les bagages, imposants et menaçants comme la Tournette ou le Mont Verrier, ces deux histoires. Mais les montagnes ne se sont pas effondrées. Hormis ça et là, ma mémoire est le seul garant de la fugacité et de l'intensité de ce qui a été vécu.
Il faut rentrer, mais on prendra le temps. Après tout, cela fait pas mal d'années que je suis parti.


Voir s'éloigner le temps comme un navire. Laisser derrière soi le dolorisme, des remords bien sûr, un peu de soi, et pour la première fois quelques regrets. C'est peut-être le prix pour gagner en légèreté. Bonjour 2007.