vendredi 16 février 2007

cartes de fidélité

De celles où on donne un coup de tampon à chaque fois que.
C'est bon de les déchirer, de ne plus sentir de dépendance, d'attente, en se disant "encore trois ou quatre, et ça y est..."
Donc plus de cartes de fidélité : le truc a été conscientisé aujourd'hui.

Il va falloir se battre à nouveau : pour défendre la place de parking que, oui, on a vu en premier. Que non, même si la p'tite dame elle a qu'une baguette, c'est pas une raison pour passer devant à la caisse du supermarché (elle a toute la journée à attendre, et puis elle a qu'à aller à la boulangerie, vieille peau!) Et, fin du fin, testé aujourd'hui même, rappeler à certains cadres qu'avec moi le jeu du presse-citron ça a tendance à engendrer des brûlures d'estomac à trés court terme.

De mutilation en génuflexion, excommunié, j'ai les pieds et les poings liés.
De mutilation en extrême-onction, agnus dei, moi l'impie je suis saigné aux quatre veines.

Autre carte de fidélité qu'il va falloir faire sauter : s'imposer la vue de Fourvière sur tous les actes de la vie quotidienne. Plus de quinze ans que ça dure, l'Eglise lyonnaise épiant les moindres mouvements de chacun, jetant un voile d'approbation ou d'opprobre, toujours brouillasseux. Commencer à jeter des ponts pour ailleurs. C'est maintenant qu'il faut que ça gamberge, ça agira quand ça agira. Comme pour toutes les grandes décisions qu'il a fallu prendre, si en surface rien n'a transpiré, au sous-sol les manoeuvres ont déjà commencé. Et comme pour toutes les grandes décisions qu'il a fallu prendre, le pack bien ficelé sortira du néant un beau jour, que je suis encore incapable d'entourer d'un rond rouge sur un calendrier.

De mutilation en soustraction, agnus dei, te voir en chair, j'en perds la tête.
De mutilation en contorsions, te voir ici, quelle hérésie, les bras m'en tombent.

Autre carte de fidélité, froissée, remplie et sur-remplie, retrouvée au hasard et vite balancée dans la Saône. Nous en avons ri comme des dératés avec Ed. en sortant du déjeuner. Alors qu'il me raccompagnait sur le chemin du cabinet, nous avons croisé... Jaws. Jaws, c'était le beau gosse de la promo. Beau gosse à la lyonnaise, hein ? Blond aux yeux bleus, coupe au bol, duffle-coat et compagnie. Jaws était beau et con à la fois, véritable aspirateur à gonzesses dans l'amphi. Certes, il faisait aussi trembler certains garçons sensibles (qui, eux, pour se faire remarquer, n'avaient pas d'autre choix que d'être en tête de promo, chut!)
Une certaine distance de sécurité nous a toujours séparés : je le prenais pour la plus belle expression des désastres d'une endogamie répétée, et lui voyait en moi un pauvre pédé carriériste et hystrionique. Bref, nous avions raison tous les deux...

Dix ans plus tard, Jaws a les traits tirés, le blond des blés à laissé place au jaune pisseux tirant sur le gris vers les tempes. Et je me désolai de n'avoir qu'Ed. pour me confier, de ne pouvoir saisir le portable pour annoncer, glorieux, à trois ou quatre personnes : "Jaws il a plus d'cheveu... euux, Jaws il a plus d'cheveu... euux!"

agnus dei, sic transit gloria mundi.

En rentrant du travail, je jetai un coup d'oeil aux tubes d'aceticum thallium et à la batterie de soins de chez Furterer, qui m'ont redonné en trois mois la crinière de ma jeunesse ; le dégât des eaux des wc qui reprend un goût de provisoire.
J'ai retrouvé un trés vieux morceau sur radioblog, que d'aucun aura reconnu ; puis un coup d'oeil dans le rétroviseur pour voir à nouveau des pans entiers s'effondrer dans mon dos. Qu'il est bon d'avancer...

je m'éloigne de tout,
je suis loin de vous...

3 commentaires:

Anonyme a dit…

me trompé-je ? ça rébellionne ici aussi ?

Lunaba a dit…

s'�loigner pour mieux se retrouver ...
j'aime ta rage au ventre ;)

Anonyme a dit…

tout toi... en continuelle transformation sous jacente pour "éclore" une fois l'histoire machée et digérée. Bonnes reflexions ;)